Astuces Papier Maché

LE PAPIER MACHE
Richard Durand

 

 

Chacun a, semble-t-il sa petite technique. Voici la mienne.
J'utilise soit du papier journal (pas de papier glacé surtout, il ne se mouille pas facilement et se délite très difficilement) soit des cartons à œufs (ceux en papier, pas en plastique ni en mousse plastique).
Quand j'utilise le papier journal, seul ou en combinaison avec les cartons à œufs, je place le papier dans un seau et je le couvre d'eau je le laisse tremper dans l'eau au moins 24 heures. Pour les cartons à œufs, une 10aine d'heures peut suffire pour mouiller la matière.

 


 

 


Une fois les matières bien mouillées, je chipe le mixer à mon épouse (ce n'est pas vrai, j'en ai récupéré un vieux) et je réduis la matière aussi finement que j'en ai envie. La finesse de la matière mixée correspond au travail qu'on veut réaliser, à sa finesse en surface, au support sur lequel on va placer la pâte terminée. Plus on veut que la pâte soit fine, plus il faut qu'il y ait de l'eau au début. Quand le mixage de la pâte est terminé, verser la mixture dans un drap et la presser pour en faire sortir l'eau. On obtient alors une boule de pâte à papier qu'il suffira de préparer selon ses besoins.Moi, je n'ajoute pas de colle dans la pâte. Ainsi, s'il m'en reste, je la laisse sécher et je peux la récupérer pas après pour un autre travail.



 

Un mélange de pâte à papier avec de la colle à tapisser ou à bois peut se conserver, dans un pot fermé hermétique quelques jours mais attention aux moisissures qui vont apparaître après un certain temps (malgré la javel et autres produits employés !).Une fois ces mélanges séchés, il est difficile (avec colle à tapisser) sinon impossible (avec colle vinylique) de les réutiliser par la suite.
Si je dois raffermir ma création, une fois la couche de base placée, je l'enduis d'un mélange à 50% d'eau et de colle vinylique blanche (colle à bois) puis j'applique d'autres couches successives que j'encolle tour à tour.

 



 


Je laisse sécher à 90% avant d'appliquer la couche suivante car il faut tenir compte de quelques points particuliers lors de la création de l'œuvre.
Comme pour une sculpture, le poids de la pièce est important et détermine la structure du support de base (treillis à poule, armature métallique, carton, etc.)
Plus l'épaisseur de papier placé en une fois est importante et plus le poids est important (==> risques de déformation !) mais aussi plus li risque de fissures lors du séchage est important. Plusieurs couches fines avec séchage (presque complet) entre les coups sont préférables à une couche épaisse.
Pour la couche de finition, je prépare un mélange : un volume de pâte essorée (mais encore bien humide), un volume de mélange à 50% d'eau et de colle vinylique et un volume de blanc de Meudon (= blanc d'Espagne, ou de la craie blanche broyée finement J'ai broyé, dans un pilon de cuisine ou de pharmacien, pour une faible quantité, des bâtons de craie qu'on utilise à l'école pour écrire sur un tableau.
J'ai trouvé du blanc de Meudon chez un marchand/fabricant de peinture à 0.5€ le kilo par sac de 25 kilos ! Bon, 'faut en avoir besoin, mais en s'associant avec des ateliers, des écoles (comme je l'ai fait), 25 kilos sont vite partis !

 



Ce mélange se conserve quelques jours dans un bocal hermétique. Comme avec la pâte à papier ci-dessus, surveiller la formation de moisissures qui annoncent la fin de l'utilisation possible du mélange.Après séchage, ce mélange n'est plus réutilisable.Une fois séché, cette couche peut être poncée au papier verré pour adoucir la surface. Plusieurs couches successives peuvent être placées après séchage de la précédant, sans aucun problème, et ça, pour arriver à un rendu en surface voulu.
Sinon, si je veux conserver un aspect rugueux ou grumeleux des boulettes de papier, j'encolle la surface avec mon mélange à 50% plusieurs fois. Cela renforce la surface du l'objet et en même temps cela l'imperméabilise un peu (ça ne résiste pas à la pluie mais bien à une lavette ou peau de chamois !).
Il est encore possible après de peindre ou d'ajouter une autre couche de papier. Si la surface encollée a eu bien le temps de sécher, pour ajouter une épaisseur de pâte à papier (corriger un défaut, par exemple), il suffit de mettre un peu du mélange de colle à 50% (la colle à bois reprend bien sur de la colle à bois !) avant de poser la pâte.
Autre méthode pour adoucir une surface (voir mes sculptures en papier mâché : le dentellier, la dentellière et mon lézard sur ce site), je colle (toujours avec mon mélange à 50% d'eau et de colle vinylique blanche à bois) soit des papiers essuie-tout soit des mouchoirs en papier.

J'ai essayé aussi une autre méthode : je découpe, avec une machine pour détruire les documents qui découpe les feuilles en fines languettes, des feuilles de papier journal, revues diverses en papier brillant ou pas, etc. puis j'applique ces bandelettes sur mon support en une forme de tissage



 

 

comme les pièces de carrosserie en fibre de Carbonne. De cette manière, il est possible d'obtenir des formes très fines mais extrêmement solides et souples. La solidité va dépendre directement du papier utilisé. Le papier brillant étant le plus solide. Mais avec du journal et 5 à 6 couches de papier collées croisées à 90° l'une par rapport à l'autre, on obtient une épaisseur de moins d'1 millimètre et d'une solidité surprenante.
Avec cette méthode, j'avais réalisé une étagère sur laquelle on plaçait 35 kilos de bouquins par niveau d'étagère. L’ensemble mesurait 1.70M de haut et possédait 6 niveaux => 180 kilos de livres et après 8 ans, l'étagère existe toujours ! J'ai travaillé les étagères comme les étagères métalliques en repliant (pendant l'encollage, pas après séchage !) les bords pour renforcer. Pour les montants, un tube carré formé de carton d'emballage ordinaire, le tout recouvert d'une dizaine de couches de bandelettes de papier.
Bon. D'accord, il ne faut pas être pressé pour réaliser cela, mais une telle étagère qu'on peut porter sur deux doigts et sur laquelle on arrive à placer 180 K. de matière, ça vaut bien un effort.